Paul Virilio nous avait expliqué que toute technologie engendrait, de manière endogène, sa catastrophe : l’avion, le crash aérien ; le train, le déraillement ; le nucléaire, des cancers, des populations déplacées et des zones devenues inhabitables. Si les velléités du gouvernement français venaient à ce que la France soit équipée de 70 réacteurs nucléaires (56+14), alors nous serions, après la Corée du Sud et la Belgique qui a annoncé sa sortie du nucléaire, le pays le plus nucléarisé au monde avec 1 réacteur pour 9600 km2.
Si la pédagogie de la catastrophe après Fukushima aura permis à l’Allemagne de sortir du nucléaire, en France, nous continuons d’investir des milliards à fonds perdus dans une technologie qui relève de Jurassic Park. Depuis 1990, nous tapons dans les stocks d’uranium militaire pour faire face à la demande du nucléaire civil. Contraints à réutiliser le combustible usagé, retraité à Seversk en Russie, nous stockons le MOX dans les piscines où le bore utilisé dans les assemblages nous évite de nouvelles réactions en chaîne. Sommes-nous bien sûr dans 15 ans de disposer de stocks d’uranium naturel ou retraité, accessoirement de bore, pour faire fonctionner nos 70 futurs réacteurs ?
La seule enquête épidémiologique dont nous disposons à ce jour concerne l’étude de 1997 des docteurs Vieil et Pobel sur un taux de leucémie chez les enfants 2,8 fois supérieur à la normal, dans un périmètre de 35 kilomètres autour de la Hague. Où sont les études par rapport aux dégazages de radionucléides autour des centrales normandes de Penly, Paluel et Flamanville ?
Les alternatives au nucléaire existent. L’éolien, le solaire, l’hydrolien, les batteries gravitaires et les STEP, la géothermie, l’hydrogène blanc, la sobriété énergétique par le développement des transports collectifs et l’isolation des logements constituent la seule réponse de long terme pour faire face à la transition écologique et la nécessaire décarbonation de l’humanité. En mobilisant tout l’argent du public sur le nucléaire, nous faisons un choix mortifère pour les générations futures, alors que nous ne savons toujours pas démanteler la centrale de Brennilis, arrêtée depuis 1985.