Rappelons à tout bon nucléariste qui se respecte que les réacteurs nucléaires ont besoin d’uranium pour fonctionner. Et de l’uranium, au rythme de la demande actuelle face à la relance des programmes électro-nucléaires, nous n’en aurons plus pour très bientôt.
Pour répondre à la demande, les états ont recouru massivement depuis 1990 à l’uranium militaire. Les tensions observées dans le monde auraient une fâcheuse tendance à nous montrer que le filon est tari.
En 2016, nous avons atteint un pic de production en matière d’uranium issu des mines des grands pays producteurs. Le souci pour la France, c’est que les Chinois sont parvenus à mettre la main sur l’intégralité de l’uranium produit en Namibie. Pourrons-nous, demain, bénéficier encore des largesses des autorités nigériennes et kazakhes pour alimenter nos réacteurs REP en fin de vie et d’éventuels nouveaux EPR/EPR2 ? Et si oui, à quel prix au juste ?
Du coup, une des solutions pour faire face à la déplétion d’uranium est de recourir au MOX, issu du retraitement du combustible usager des centrales française, dont la Russie est actuellement le seul fournisseur. Ce n’est donc pas du hasard pur de voir que les états nucléaristes comme la France se lancent dans des projets de construction de réacteurs de type EPR, seuls capables d’ingurgiter 30% de ce « combustible » retraité. C’est de fait une nécessité… aux contours plus qu’incertains.
Comment un pays comme la France peut-il faire le choix dans l’irrationalité la plus totale, en toute connaissance de cause, de relancer une technologie dont nous ne savons même pas si, dans 15 ans, elle pourra encore être utilisée, faute de combustible ? Quelle rationalité peut-il y avoir à injecter tous ces milliards d’euros dans une technologie qui relève définitivement de Jurassic Park ?
Source : Au-delà du débat sur le nucléaire, un angle mort : la crise de l’uranium