Archives de catégorie : Paluel

Retrouvez ici ce qui concerne la centrale de Paluel

Expérimentation du MOX sur Paluel 4 en cours

Pastilles de combustible nucléaire

Le MOX est un combustible composé d’uranium appauvri provenant du combustible usagé de nos centrales – actuellement retraité en Russie – et du plutonium venant de la Hague. C’est en France, dans l’usine Melox d’Orano (ex-Areva) à côté du site nucléaire de Marcoule, que les assemblages de combustible sont actuellement effectués. Il est actuellement utilisé à hauteur de 30% dans les réacteurs à eau pressurisée 900 MW des centrales nucléaires de :

  • Dampierre,
  • Gravelines,
  • Blayais,
  • Tricastin,
  • Chinon,
  • Saint-Laurent

Le souci du MOX est sa très forte radiotoxicité et la lenteur à se refroidir par rapport à de l’uranium naturel enrichi. Depuis 1987, EDF a décidé de le déployer dans les réacteurs à eau pressurisée de 900 MW, à l’exception notoire de ceux du Cruas. L’opérateur français du nucléaire est en train d’expérimenter l’usage du MOX, en ce moment, au niveau du réacteur n°4 de Paluel.

L’émergence de l’EPR ne doit rien au hasard pur dans la perspective de la déplétion de la ressource en uranium naturel. Contrairement aux États-Unis, EDF annonce pouvoir utiliser 100% de MOX dans ces réacteurs de nouvelle génération, notamment sur le site de Flamanville, où l’EPR est dans la pétole la plus totale.

Les risques inhérents à l’usage du MOX posent la question de l’émission plus importante de radionucléides rejetés régulièrement dans l’atmosphère. Les dernières données issues de l’IRSN – datant de 2017 – indiquaient le rejet dans l’atmosphère de 4.4 TBq par an pour les 6 réacteurs de Paluel et de Penly réunies (1). A titre de comparaison, la catastrophe nucléaire de Kychtym en septembre  1957 a rejeté dans l’atmosphère 74 TBq. Autrement dit, en ajoutant deux réacteurs à Penly, les 8 réacteurs recracheront dans l’atmosphère, en 12 années d’exploitation environ, la totalité des radionucléides de l’accident de Kychtym.

Source : rapport de l’IRSN de 2021 s’appuyant sur des données d’EDF de 2017

La corrosion sous contrainte, en cours de maîtrise industrielle…

Les déclarations de Cédric Lewandowski, directeur exécutif du groupe EDF, à la tête de la direction du parc nucléaire, ont de quoi nous glacer le sang. Interrogé le jeudi 4 avril au Sénat durant une heure environ dans le cadre de la commission d’enquête sur le parc nucléaire, le responsable de l’entreprise nationale, concernant la corrosion sous contrainte, a déclaré concernant le réacteur Paluel 2 :

« La crise de la corrosion sous contrainte est encore présente. […] Heureusement, elle est aujourd’hui en cours de maitrise industrielle.»

Alors que la commission mixte paritaire s’est accordé sur un texte commun au sujet de la fusion de l’ASN et de l’IRSN, de lourdes interrogations se font sur les risques qu’encourent les salariés du nucléaire et les populations, dans la perspective du prolongement du parc au delà des 60 années d’exploitation. Et cette perspective  ne nous rend pas particulièrement optimiste.

L'exploitation du parc des réacteurs nucléaires français par EDF : pas de quoi être optimiste !
L’exploitation du parc des réacteurs nucléaires français par EDF : pas de quoi être optimiste !

Nouveau rebondissement à Paluel

L’Autorité de sûreté nucléaire a publié le 23 janvier 2017 une nouvelle lettre de suite d’inspection qui donne à voir que l’affaire du générateur de vapeur de Paluel est loin d’être terminée.

Alors que le Président de la République, à en croire le Canard enchaîné, a marchandé avec le patron d’EDF la prolongation de la durée d’arrêt autorisé du réacteur n°2 de la centrale de Paluel, nous apprenons que rien ne se déroule comme prévu.

article canard 18 01

Non seulement, les opérations de levage en vue d’évacuer le générateur de vapeur ont entraîné une exposition radiologique de travailleurs :

 » le désencastrement du GVu des platelages posés sur la piscine du bâtiment réacteur s’est avéré plus délicat qu’attendu et qu’il a fallu plusieurs opérations de découpe des platelages posés sur la piscine. Ces interventions menées dans l’environnement proche du GVu ont entraîné une exposition radiologique des travailleurs. »

Mais le document publié par l’Autorité de contrôle donne à voir des pratiques pour le moins surprenantes à Paluel.

Si nous savions déjà que :

 » au cours des premières opérations de manutention de générateurs de vapeur usés, les intervenants ont noté une inclinaison correspondant à une légère rotation du palonnier de manutention autour de son axe le plus long, lors de son utilisation en charge. »

Nous apprenons que :

 » Compte tenu des opérations de manutention du GVu en cours, un entretien a été réalisé avec le pontier dans sa cabine de pilotage du pont polaire. A cette occasion, il a été relevé que l’indicateur de centrage du pont polaire était en dehors de sa plage attendue puisque l’aiguille de ce capteur était en zone rouge et non en zone verte. Ni le pontier, ni vos représentants n’ont pu apporter d’explications. »

Derrière le jargon propre au contrôle de sûreté nucléaire, se cache une information essentielle qui n’est pas sans rapport avec la chute du GV…

serait-ce que le agents en charge des opérations de levage sont distraits ? ou bien reçoivent-ils des consignes pour réaliser ces opérations sans tenir compte des informations communiquées par le matériel utilisé ?

Cette question mérite d’être posée. Le Collectif STOP-EPR ni à Penly ni ailleurs ne manquera de le faire avec l’appuis juridique du Réseau Sortir du nucléaire.

Par ailleurs, un autre point a attiré notre attention :

 » une pancarte en carton mentionnant « ne pas utiliser la fonction décalage du pont 205 T sans autorisation RGV » était présente dans la cabine du pontier. Cette pancarte a été retirée immédiatement »

qu’est-ce à dire ? serait-ce qu’EDF donne des consignes spécifiques en dehors des inspections ? que signifie ce retrait ? EDF a-t-elle quelque chose à cacher aux inspecteurs de l’Autorité de contrôle ?

Somme toute, voilà un nouvel exemple qui atteste de l’opacité des pratiques de l’exploitant nucléaire. Cela n’est pas acceptable d’autant plus que l’on peut suspecter que de telles irrégularités ne sont pas étrangères à la catastrophe du 31 mars 2016…

Nous exigeons toute la transparence sur la chute du générateur de vapeur, fait jusque là considéré comme impossible…

C’est une question essentielle alors qu’EDF s’apprête à lancer les opérations de « Grand Carénage » sur le réacteur n°3 de Paluel.

inventaire provisoire des incidents déclarés depuis le début du Grand Carénage à Paluel

 

Date heure Objet
18/05/2015 Lors mise à l’arrêt, écart des paramètres de baisse dans circuit primaire àréacteur en fonctionnement normal
04/06/2015 Fuite fluide frigorigène
24/06/2015 Un intervenant dans zone contrôlée sans dosimètre actif
02/07/2015 22 :30 feu de titane dans le condenseur… détruit à l’issue du sinistre
07/07/2015 indisponibilité des dispositifs de surveillance des rejets de Carbone 14 de la cheminée du réacteur
08/07/2015 17 :30 déclenchement de 2 balises radiologiques dans BR + 30 évacués
10/07/2015 défaut de balisage en zone orange, mis en place sans contrôle exhaustif de l’absence d’intervenants dans la zone… 3 salariés s’y trouvaient encore.
17/07/2015 lors d’un contrôle radiographique, trois intervenants ont franchi le balisage interdisant l’accès à la zone concernée à enregistrement d’une dose de 1 microSievert pour l’intervenant qui est resté le plus longtemps dans la zone, soit 5 millièmes de la dose maximale annuelle
21/07/2015 un écart détecté sur le positionnement d’un balisage interdisant l’accès à une zone de contrôles radiographiques à une partie de la zone était restée accessible. L’écart a été corrigé, aucun intervenant n’a été exposé.
11/08/2015 lors d’un essai périodique, un dysfonctionnement détecté sur un capteur ; des contrôles sont réalisés et confirment la remise en conformité du capteur.
25/08/2015 14 :15  alarme incendie dans le BR
09/09/2015 14 :00 alarme incendie dans le BC
23/09/2015 un câblage électrique non conforme a entraîné l’indisponibilité d’une pompe de vidange de la piscine du bâtiment combustible. Après réparation, l’ensemble des requalifications a été réalisé et a confirmé la disponibilité de la pompe

Le Collectif STOP-EPR ni à Penly ni ailleurs revendique que la CLIn Paluel-Penly contribue à une transparence complète sur l’accident du 31 mars survenu à Paluel

Le 31 mars 2016, un accident industriel significatif s’est produit à l’occasion des opérations de « Grand Carénage » qui ont lieu au CNPE de Paluel. Une série de défaillances techniques et humaines a entraîné la chute en cours de manutention d’un générateur de vapeur (GV) dans le bâtiment du réacteur n°2.

Alors que la piscine du bâtiment réacteur était vide, cet imposant équipement sous pression a basculé de toute sa hauteur (22 m) pour s’immobiliser au sol, en partie sur le béton du bâtiment du réacteur, et en partie sur les plateaux de protection de la piscine du bâtiment du réacteur. La chute du GV s’est produite alors qu’il était en « position quasi-verticale, son extrémité basse reposant sur le chariot d’évacuation par l’intermédiaire de cales, et son extrémité haute étant soutenue par un dispositif constitué d’élingues reliées à un palonnier, lui-même relié à un engin de manutention fixé sur le pont polaire du bâtiment du réacteur[1]. » Le palonnier de manutention a également chuté.

Si les conséquences humaines ont été limitées (deux agents choqués et un blessé), nous sommes en droit de nous interroger sur les conséquences matérielles de cet événement dont les causes et les mécanismes restent à établir.

Nous exigeons que toute la lumière soit faite sur cet événement qui donne à voir l’incapacité technique d’EDF à mener à son terme le programme de Grand Carénage.

Continuer la lecture de Le Collectif STOP-EPR ni à Penly ni ailleurs revendique que la CLIn Paluel-Penly contribue à une transparence complète sur l’accident du 31 mars survenu à Paluel